L’ISS, lieu privilégié de la microgravité
Terrain d’exploration digne de toutes les curiosités, la microgravité à bord de l’ISS suscite l’intérêt de très nombreux laboratoires scientifiques. Sciences de la vie, sciences de la matière, sciences de l’univers, observation de la Terre, de multiples domaines scientifiques souhaitent étudier le comportement du vivant, de la matière… dans des conditions difficiles à créer sur Terre. Mieux que les vols 0G, offrant de trop brefs moments de microgravité, la Station spatiale internationale, habitée depuis 2000, est un lieu privilégié pour effectuer de telles expériences. Une centaine d’entre elles ont été sélectionnées pour les six mois que durera la mission Proxima. Comment se pratique cette sélection, combien de candidats pour quels résultats ? François Spiero, responsable des Vols habités au CNES, précise l’ensemble des étapes du processus.
Appels à propositions
Les agences spatiales des pays membres de l’ISS1, lancent régulièrement des appels à propositions d’expériences auprès à la communauté scientifique internationale. Ces appels se font soit agence par agence, soit par des groupes internationaux comme l’ISLSWG2. Les réponses font l’objet d’une revue par les « pairs », experts d’un domaine scientifique, qui transmettent leurs recommandations aux agences. « Celles-ci procèdent alors à deux types d’évaluations, une évaluation technique qui détermine la faisabilité du projet, faisant si nécessaire appel à l’avis d’industriels, et une évaluation programmatique statuant non seulement sur les aspects financiers du projet mais prenant aussi en compte les possibilités de coopération avec d’autres partenaires » explique François Spiero. Seuls seront retenus les projets innovants, solides scientifiquement et techniquement, et dont le coût est en accord avec les disponibilités financières des agences.
Pour les sciences de la vie, l’essentiel des expériences à bord de l’ISS est sélectionné par l’ISLSWG à peu près tous les 4 ou 5 ans, avec un processus de sélection d’environ un an. « On estime à un peu plus de 50% la proportion de projets retenus » précise François Spiero. D’autres projets dans l’ISS, les « démonstrateurs », déjà frémissants dans les laboratoires, et impossibles à monter dans des délais très contraints, pourront échapper à la sélection, mais leur nombre est extrêmement limité et leur sélection forcément moins assurée.
1 Les États-Unis, le Canada, le Japon, la Russie, et 10 membres de l'Agence spatiale européenne (Belgique, Danemark, France, Allemagne, Italie, Pays-Bas, Norvège, Espagne, Suède et Suisse).
2International Space Life Sciences Working Group