20 Octobre 2016

Faire avancer le spatial en gardant les pieds sur Terre

Appel à volontaires ! L'Institut de Médecine et de Physiologie Spatiales (MEDES) de Toulouse recherche 24 participants pour mener une étude de simulation d’impesanteur. D’une durée de 3 mois, de janvier à avril ou de septembre à décembre 2017, les inscriptions sont dès à présent ouvertes.

Vous êtes un homme âgé de 20 à 45 ans, en parfaite santé, non-fumeur, vous pratiquez une activité sportive régulière, avez un IMC entre 22 et 27 et vous souhaitez faire avancer la science ? Cette étude est faite pour vous !

Ce type de campagne appelé « bed-rest » implique de rester en position couchée, les pieds surélevés de 6° (les pieds du lit sont relevés de 17 cm) sur une longue période. Explication en 5 questions !

1-    Vous avez dit bed-rest ?

Le bed-rest ou « alitement prolongé » est né aux Etats-Unis dans les années 1960. En Europe, 2 centres le pratiquent aujourd’hui sous l’égide de l’ESA : MEDES à Toulouse (voir encadré) et  Envihab à Cologne en Allemagne. On dénombre en moyenne une campagne de plusieurs mois dans chaque centre tous les deux ans.

Leur objectif ? Tester - dans des conditions similaires aux vols habités dans l’espace - des méthodes susceptibles d'atténuer les effets indésirables de l’impesanteur sur le corps humain et préparer les astronautes à leur retour sur Terre.

2-    Couché avec les jambes surélevées : pourquoi cette position ?

Après plusieurs décennies de pratique, il a été déterminé que cette inclinaison de -6° (pieds légèrement au-dessus de la tête) correspondait à ce que vit le corps d’un astronaute en situation d’impesanteur. Cette position induit en effet une migration des liquides de l’organisme vers la partie supérieure du corps, comme on l’observe dans l’espace. Cela permet de simuler l’impesanteur tout en gardant les pieds (presque) sur Terre !

3-    Quelle est la particularité de ce « bed-rest » ?

Chaque étude d’alitement a ses particularités. Celle de 2017 s’intitule « Bed-rest Cocktail ». La moitié du groupe de volontaires alités devra ingérer des gélules contenant un mélange d’extraits naturels polyphénoliques de plantes alimentaires, et ce, plusieurs fois par jour. L’autre moitié du groupe, également alitée, sera un groupe « contrôle » et ne prendra pas le cocktail degélules. Ce groupe permettra, par comparaison, d’évaluer l’impact du « cocktail » sur l’organisme. Quinze équipes scientifiques participent à cette étude. Elles étudient les mécanismes d’adaptation de l’organisme à une impesanteur simulée ainsi que les effets du cocktail sur les différents systèmes physiologiques du corps humain (système métabolique, cardiovasculaire, sanguin…).

4-    3 mois, c’est long. Comment se découpe cette campagne ?

Une fois les 24 volontaires recrutés, cette campagne se décomposera en 3 phases :

  • 15 jours de mesures en amont de l’alitement sur chacun des volontaires
  • 2 mois d’alitement
  • 15 jours de récupération lors desquels de nouvelles mesures sont effectuées a posteriori

5-    Pour les astronautes c’est bien, mais quelle utilité pour les Terriens ?

L’alitement permet aux scientifiques d’avancer dans la recherche de méthodes de prévention (également appelées contre-mesures), pour que les astronautes conservent les meilleures conditions de santé possibles en situation d’impesanteur. Cela est particulièrement vrai lors de séjours de longue durée dans l’espace, comme la mission Proxima dans laquelle est impliqué l’astronaute français de l’ESA Thomas Pesquet par exemple. Mais ce n’est pas tout ! Ces recherches en physiologie possèdent aussi de nombreuses retombées en médecine terrestre ! Ainsi, ces longues périodes d’immobilisation sans activité physique chez des sujets sains permettent aux scientifiques une meilleure compréhension de certaines maladies telles que l’obésité, le diabète ou encore l’ostéoporose. Des problématiques qui touchent un grand nombre de personnes…sur Terre !

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MEDES

L’Institut de Médecine et Physiologie Spatiales (MEDES), basé à Toulouse, est la filiale santé du CNES. Créé en 1989, à l’initiative du CNES et du CHU de Toulouse, il formalise l’existence d’un 1er pôle de physiologie au sein du CNES. Ses équipes interviennent en soutien au CADMOS pour le volet physiologique. Elles interviennent également à la Clinique Spatiale, à Toulouse, où sont menées des expériences de simulation des effets de la micropesanteur sur l’organisme, et enfin au Centre des astronautes européens, à Cologne, pour le suivi de l’entraînement et l’accompagnement médical des astronautes.

A la clinique spatiale de Toulouse ont lieu des recherches physiologiques de simulation de l'impesanteur, des effets du confinement, de sommeil, des recherches pharmacologiques et des évaluations de dispositifs biomédicaux et de support vie... MEDES s'investit également depuis plus de 20 ans dans de nombreux projets de recherche médicale et d'applications des satellites à la santé.

Pour en savoir plus

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Immersion sèche MEDES Crédits : MEDES

L’info en plus !

Si les études d’alitement sont les études de simulation de l’impesanteur les plus courantes, une autre méthode existe et est testée depuis 2015, pour le compte du Cnes, à la Clinique Spatiale : l’immersion sèche ! Cette méthode, unique en Europe, est complémentaire de l’alitement et permet au corps de « flotter » tout en étant séparé de l’eau par une bâche imperméable. Les résultats de ces 2 méthodes sont très probants et ouvre la voie à de nombreuses expérimentations dans le domaine spatial mais également pour la santé plus classique.